Qui peux se vanter de tenir entre ses mains l’album de l’année 2011 ?
A l’heure actuelle personne puisque l’opus en question n’existe qu’en fichier mp3 naviguant sur les disques dur de quelques initiés aux nouveaux usages de la musique indépendante.
Mais est-ce du « meilleur » album de l’année dernière qu’il s’agit? A voir… C’est surtout la qualification d’une série de morceaux sortis, tout au long de l’année et non lors d’une date unique, « événementialisée », clôturant une campagne de promo ponctuelle, et c’est en cela que le rappeur marseillais Duval Mc a mis un pied (sans le vouloir?) dans le monde de l’innovation marketing, tout en rapprochant les thématiques de ses productions aux événements marquant de 2011 (la catastrophe de Fukushima, l’affaire DSK, les révolutions en cours).
Totalisant plus de 10 000 téléchargements (soit un peu moins d’un millier, en moyenne, par morceaux), l’album Etat Second montre que la gratuité se vend bien. Mais, au delà des débats sur les revenus des artistes et le fait de « donner sa musique », c’est plus la fidélisation et le rapprochement du public que Duval Mc et son équipe recherchait. Et l’opération à belle et bien été remarquée, même si la plupart des sites estampillés « Hip-Hop » parlent peu, voire pas du tout de ce rappeur, tout comme les grosses institutions de la critique musicale et autres « inrockuptibles » peu portés sur les textes dits « militants ».
C’est par exemple L’Observatoire Indépendant de la Publicité qui a attiré l’attention sur le 1er morceau de l’album, sorti le dernier jour du mois de janvier. Le magazine Longueur D’Ondes a lui choisi de le mettre en écoute, à deux reprises en exclusivité sur son site, et s’est fendu d’une belle interview dans sa dernière édition.
C’est aussi le Marseille Bondy Blog qui interroge le MC sur ces motivations, le magazine So What, le site Voxnature, le site Skeud Dealers ou encore fluktuat.net qui en brosse un portrait élogieux dans son Panorama du Hip-Hop « Hors-Capitale ».
Hors-capitale certes, mais aussi hors de France puisque son album a été découvert, sur le site hispanophone Desinformemonos ou dès le mois de mars en Tunisie par le biais de révolutionnaires que Duval Mc a fait s’exprimer dans de petites vidéos de présentation de chaque titre, autre originalité de cet album « annuel », une prise de parole filmée, de diverses personnalités, précédait de quelques jours la sortie de chaque morceau, comme autant de témoignages hétéroclites:
JEAN-LOUIS |
Bla-Bla Durable | 31/01/2011 | IMHOTEP |
On Désobeit | 28/02/2011 |
BRENDA&BRANDON |
Envoie le Bois | 31/03/2011 | MC&S |
Gaz | 30/04/2011 |
LES INDICS |
Quand J’entends Le Mot France | 31/05/2011 | AHLEM |
Je Fais Que Mon Boulot | 30/06/2011 |
MARGE |
Etat Second | 31/07/2011 | XAVIER |
NATO Game Over | 31/08/2011 |
MO AZE |
Débile à Souhait | 30/09/2011 | INES |
La Roue Du Hamster | 31/10/2011 |
AVANT-DERNIERE |
Paye Ton Pas Apache | 30/11/2011 | LE PÈRE NOËL |
Frapadingue Année | 31/12/2011 |
Par ailleurs, même si un CD sortira effectivement courant 2012, la page de téléchargement de l’album est considérée comme la pochette de l’album à part entière, ce qui montre là aussi une certaine évolution des usages.
Saluons l’initiative, même s’il est très difficile à une musique exigeante d’émerger dans le très riche panorama des musiques actuelles. Pour beaucoup Duval Mc est un parfait inconnu et on ne sait si l’album de Duval Mc Restera « l’album de l’année 2011″, mais, en ce qui concerne cette occurrence, Google semble déjà pencher en sa faveur…
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